Orchestre Les Siècles © DR
Artistes
Programme
RAVEL ET L’ESPAGNE
Maurice Ravel (1875-1937)
| L’Heure espagnole (1907) – Livret de Franc-Nohain
Isabelle Druet, mezzo-soprano – Concepción, femme de Torquemada
John Heuzenroeder, ténor – Torquemada, horloger
Benoit Rameau, ténor – Gonzalve, bachelier poète
Thomas Dolié, baryton – Ramiro, muletier
Nicolas Cavallier, basse – Don Iñigo Gomez, riche financier
Entracte
| Alborada del Gracioso (orchestration de 1919)
| Rapsodie espagnole (1907)
Prélude à la nuit, très modéré
Malagueña, assez vif
Habanera, assez lent et un rythme las
Feria, assez animé
| Boléro (1928)
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Durée du concert : 2h avec entracte.
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Restaurant partenaire :
BIDAIAN
20 Rue de la baleine, Saint-Jean-de-Luz – 06 68 86 11 56
Services à 19h et 22h – Réservation obligatoire
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🎧 À écouter sur France Musique
Les Siècles ont 20 ans ! – Arabesques, par François-Xavier Szymczak
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📜 Le programme musical
Rien ne va plus dans la boutique de Torquemada, l’horloger de Tolède : tandis que le maître des lieux s’est absenté pour régler les horloges municipales, le cœur de son épouse Concepcion balance entre Gonzalve, un amant poète plus préoccupé par ses productions littéraires que par les plaisirs de la chair, et Don Inigo, un soupirant plus âgé, plus riche mais au pouvoir de séduction tout aussi limité. L’un et l’autre se cachent dans des horloges que le muletier Rodrigo s’emploie à déplacer au gré des caprices de Concepcion… tant et si bien que celle-ci finit par s’enticher du costaud déménageur. Tel est l’argument de L’Heure espagnole, hilarante « comédie musicale » d’une cinquantaine de minutes composée par Maurice Ravel en 1907, d’après une comédie bouffe de Franc-Nohain créée trois ans plus tôt au Théâtre de l’Odéon.
Depuis le milieu du siècle dernier, les espagnolades sont à la mode en France : Camille Saint-Saëns, Georges Bizet, Emmanuel Chabrier ont tous parsemé leurs œuvres d’allusions à une Espagne de fantaisie. Avec ses castagnettes, son tambour de basque et ses nombreux motifs ibériques, L’Heure espagnole semble s’inscrire dans cette lignée. Une relation autrement plus intime unit cependant Ravel et l’Espagne. Né à Ciboure d’une mère basque espagnole, le compositeur a grandi à Paris mais il ne cessera jamais de revenir à ses racines. Son premier grand ami fut le pianiste Ricardo Viñes dont il admirait le jeu virtuose, et l’un de ses professeurs de piano fut également espagnol – Santiago Riera, qui l’initia à des techniques typiquement ibériques.
On retrouve cet « accent espagnol » dans une quantité d’œuvres de Ravel pour le clavier, depuis sa Habanera de jeunesse pour deux pianos (1895) jusqu’au cycle des Miroirs (1904-1905). La quatrième des cinq pièces de cet ouvrage, l’« Alborada del gracioso » (Aubade du bouffon), annonce déjà L’Heure espagnole, reprenant une situation typique du théâtre ibérique : on peut y imaginer un personnage grotesque donner de la voix pour essayer de séduire une demoiselle peu sensible à ses charmes. Ravel en fait une démonstration virtuose de style espagnol, avec des arpèges secs comme des accords de guitare flamenco.
En 1919, le compositeur adaptera cette « Alborada del gracioso » pour orchestre symphonique, confiant au basson le rôle du séducteur ridicule. Auparavant, il avait transformé sa Habanera pour l’intégrer à un ouvrage plus ambitieux, faisant de cette pièce de jeunesse le troisième mouvement de sa Rapsodie espagnole. Conçue en 1907, la même année que L’Heure espagnole, cette œuvre en quatre parties propose comme un cheminement nocturne de l’autre côté des Pyrénées. Après un « Prélude à la nuit » qui, à l’instar d’une quantité d’œuvres ravéliennes, naît lentement du silence, deux danses se succèdent : la « Habanera », précédée d’une « Malagueña » enlevée, sorte de valse vive du sud de l’Espagne. Une « Feria » festive vient faire office de bouquet final en suivant une progression impressionnante, les cuivres étant invités pour conclure à jouer « le plus fort possible » !
Dans cette Rapsodie espagnole, on peut percevoir les ingrédients d’une véritable recette ravélienne : des formules rythmiques répétitives et des crescendos orchestraux spectaculaires. On retrouvera ces deux dimensions dans La Valse et, de manière plus remarquable encore, dans le Bolero. Écrit en 1928 pour répondre à une commande passée par la danseuse et chorégraphe Ida Rubinstein, celui-ci tient son nom d’une danse andalouse. Ravel en ralentit considérablement le tempo et confie le moteur rythmique à la caisse claire, donnant au discours l’allure d’une marche militaire inéluctable. Est-ce le souvenir de la Première Guerre mondiale qui hante le compositeur ? Toujours est-il qu’en transformant le tourbillon de la danse en cauchemar de plus en plus noir, Ravel montre qu’il ne faut pas entendre sa musique comme les espagnolades légères du siècle précédent.
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