Barbara Hannigan & Bertrand Chamayou © Co Merz
Programme
| Ernest Chausson (1855–1899), Mélodies
Les Heures (1896) / Le Temps des lilas (1877) / Les Couronnes (1896) / Chanson d’Ophélie (1896) / Oraison (1895)
| Ernest Chausson, Chanson Perpétuelle (1898)
Entracte
| César Franck (1822 –1890), Quintette pour piano et cordes en fa mineur, FWV 7 (1879)
Molto moderato quasi lento
Lento con molto sentimento
Allegro non troppo ma con fuoco
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Durée du concert : 1h20 avec entracte
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Pique-nique et marché de producteurs locaux proposés à l’issue du concert.
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📜 Le programme musical
« Je n’y comprends rien. Il s’agit d’un violent désespoir d’amour. Je ne suis pas du tout dans cette situation d’esprit. » En décembre 1898, Ernest Chausson se surprend lui-même d’avoir écrit sa Chanson perpétuelle, une musique lugubre et désespérée, alors qu’il est lui-même parfaitement heureux. L’œuvre est à la croisée des traditions, à l’image de son auteur qui fut à la fois l’élève de Jules Massenet, maître français de la mélodie claire, et le disciple de César Franck, professeur-improvisateur adepte des longues lignes enchevêtrées de la tradition germanique : Chausson cultive en effet une forme de simplicité vocale en indiquant que l’interprète doit chanter « dans le sentiment d’une chanson populaire », tout en façonnant des textures intenses du côté du quatuor à cordes et du piano qui accompagnent la chanteuse.
Dans les nombreuses mélodies qu’a laissées le compositeur, le deuil, la mort et l’amour perdu sont des thèmes majeurs. C’est le sujet du « temps des lilas » (1886), la plus célèbre de toutes, que le compositeur reprendra dans son Poème de l’amour et de la mer (1893). Chausson trouve le moyen d’exprimer la nostalgie et le ressassement via un motif simple mais ô combien expressif de cinq notes qui tournent en rond. Dans « Les heures » (1896), il use d’un autre procédé, répétant indéfiniment une seule et même note au piano, donnant le sentiment paradoxal d’avoir quitté le temps terrestre.
Tout aussi sombres, « Oraison » (1895-1896) et la « Chanson d’Ophélie » (1896) nécessitent une incarnation plus forte de la part de l’interprète. La première adopte franchement le ton d’une prière, avec ses notes répétées et ses harmonies solennelles. Quant à la seconde, elle peut surprendre par certaines tournures mélodiques qui trahissent la folie d’Ophélie ; celle-ci chante en effet le décès d’Hamlet… alors que ce dernier est encore bien vivant. Dans cette série de mélodies, « Les couronnes » (1896) fait figure d’exception avec son symbolisme, son thème médiéval et sa musique transparente qui annoncent Pelléas et Mélisande de Claude Debussy.
Le Quintette pour piano et cordes de César Franck permet de comprendre ce qui a pu influencer le goût d’Ernest Chausson pour les lignes mélodiques tourmentées. En 1879, ce dernier avait en effet commencé à suivre en tant qu’auditeur libre la classe du grand organiste belge au Conservatoire de Paris, en guise de complément aux cours de Massenet qu’il ne tardera pas à délaisser. Le Quintette de Franck date de l’année suivante. Premier du genre en France, l’ouvrage s’inscrit dans la lignée des grandes œuvres germaniques écrites pour cette formation, celle de Robert Schumann et plus encore celle de Johannes Brahms. Franck reprend d’ailleurs la tonalité du quintette brahmsien, un fa mineur naturellement ténébreux.
Si Franck reprend des caractéristiques des œuvres d’outre-Rhin (des motifs rythmiques appuyés à la Schumann, une texture polyphonique dense à la Brahms), le compositeur donne à son ouvrage une vraie personnalité propre. Sa marque de fabrique ? Des progressions chromatiques wagnériennes, de longs développements, des phrases amples au lyrisme infini, dont les quatre archets parfois s’emparent à l’unisson pour contrer la houle d’un piano virtuose, une architecture en trois mouvements équilibrés, plus unis que contrastés, reliés par des motifs récurrents… « Œuvre colossale », « unanimement admirée » : la presse française usera de superlatifs peu après la première exécution de la partition par le Quatuor Marsick et Camille Saint-Saëns. Ce Quintette imposant allait marquer les esprits d’une quantité de musiciens français, au-delà du cas d’Ernest Chausson.
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