Quatuor Béla ©Titus Lacoste
Artistes
Programme
de 19h à 20h
Béla Bartók (1881 – 1945) Quatuor à cordes N°4, Sz.91 (25’)
Allegro – Prestissimo, con sordino – Non troppo lento – Allegretto pizzicato – Allegro molto
György Ligeti (1923 – 2006) Quatuor à cordes N°1 « Métamorphoses nocturnes » (20’)
Allegro grazioso – Presto
Prestissimo – Andante tranquillo
Tempo di valse, moderato, con eleganza, un poco capricioso – Allegretto, un poco giovale
Subito allegro con moto – Prestissimo.
Pour le centenaire de Ligeti, illumination du ciel basque avec les mystérieuses Métamorphoses nocturnes. Et Bartók, joué par les experts du Quatuor Béla, fusera en étincelles étourdissantes.
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À écouter sur France Musique : Création mondiale : Anne Montaron présente « Pentamerone » de Dahae Boo, suite de miniatures imaginée pour les cordes du Quatuor Béla.
À la fin du concert : proposition de restauration par le collectif Blü Taula, association de restaurateurs engagés en faveur de la gastronomie durable au Pays Basque (Tente à l’Espace Polyvalent).
Tarif moyen : 15€/personne incluant un sandwich cuisiné et un dessert.
Boissons non incluses.
Inscription recommandée à l’adresse : blutaula@gmail.com
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Le programme musical
La musique de chambre de Béla Bartók donne une importance considérable aux cordes : deux Sonates pour piano et violon, deux Rhapsodies, quarante-quatre Duos pour violons et, surtout, six Quatuors à cordes. Comme pour Beethoven, référence permanente lorsque l’on évoque les Quatuors de Bartók, cette série illustre à merveille la progression de son auteur. Après le post-romantisme vient l’expressionnisme puis une recherche plus audacieuse jusqu’au désespoir du Sixième. Et toujours cette démarche entre musique savante et musique populaire : « Plus une chanson est primitive, plus son harmonisation et son accompagnement peuvent être singuliers ».
Le Quatrième Quatuor a été créé à Budapest le 20 mars 1929. Il revêt une forme particulière, chère à Bartók, comme une arche concentrique, ABCBA. Le mouvement lent central est encadré par deux Scherzos, eux-mêmes débutés et clos par deux Allegros. Cette rigueur formelle, qui inspirera le Deuxième Concerto pour piano et le Cinquième Quatuor à cordes équilibre la furieuse complexité du langage. On y entend au début les souvenirs de l’Ecole de Vienne, Schönberg y transparaît, avec des chromatismes affirmés. Mais ce Quatuor est un voyage, avec un mouvement central en forme de passage vers des diatonismes plus « classiques » quoique toujours rageurs. Le premier mouvement se construit sur une petite cellule thématique, tourmentée par le prisme d’un contrepoint rigoureux. Le second, avec sourdines obligées, est un rêve de mystères tandis que le troisième se construit autour d’une « mélodie-récitatif » jouée au violoncelle et d’un chant d’oiseau au premier violon, passage vers l’autre côté du miroir. À noter les « pizz-Bartók » de l’Allegretto, claquements de la corde contre la touche. Enfin, l’arche boucle sa courbure avec la cellule thématique initiale.
Chez Ligeti, à l’honneur pour le centenaire de sa naissance, la notion de musique de chambre n’est pas une particularité en soi. La musique est polyphonie et ce n’est pas le nombre de voix qui en détermine la qualité. Issu d’une formation qui maîtrisa l’électronique, époque oblige, et d’un sérialisme qu’il critiqua, il tira de cet enseignement son propre miel, fort d’une imagination sans limite et d’une volonté de noter sur la partition le plus de précisions possibles. Ses manuscrits sont méticuleux, impressionnants reflets d’une complexité parfois difficile à percevoir.
Le Quatuor à cordes N°1, il en écrivit deux, fut créé à Vienne le 8 mai 1958. Il appartient à la période hongroise du compositeur, avec ce sous-titre évocateur de « Métamorphoses nocturnes ». Ligeti n’avait pas voulu inscrire cette œuvre dans son catalogue avant de la réintégrer, fort heureusement, dans les années 70. En un seul mouvement, cette œuvre est construite à partir d’une très courte cellule formée de deux petits intervalles reliés par un autre petit intervalle. On y perçoit Bartók et ce conflit entre diatonisme et chromatisme. C’est la nuit, ne l’oublions pas, avec ses hallucinantes expressions, presque réalistes, transcriptions picturales d’un univers aux glissements inquiétants. Les diverses sections s’enchaînent comme autant de tableaux à variations, avec même une valse centrale, à la lune accordée. Ce Quatuor s’entend comme un exercice de virtuosité compositionnelle mais se perçoit comme une ode aux sombres desseins et lumineuses pensées d’une nuit merveilleuse et fabuleuse, allant du réalisme à une certaine et florissante transfiguration.
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Le Quatuor Béla est conventionné par la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et le Département de la Savoie. Il reçoit le soutien de la SACEM, de l’ADAMI, de la SPEDIDAM, du CNM, de l’ONDA, de la Maison de la Musique Contemporaine et de ProQuartet. Il est adhérent de Futurs Composés et de la FEVIS. Le Quatuor Béla est également artiste associé à la MC2 : Grenoble.