Renaud Capuçon
Artistes
Covoiturage
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Programme
Maurice Ravel (1875 – 1937) – Sonate N°1 « posthume » pour violon et piano
Allegro Moderato
Albert Roussel (1869 – 1937) – Seconde Sonate N°2 pour violon et piano, Op 28
I Lent / Très animé / Lent
II Assez animé / Lent / Assez animé
III Très animé / Très modéré / Très animé
Entracte
Claude Debussy (1862 – 1918) – Sonate pour violon et piano
I Allegro vivo
II Intermède / Fantasque et léger
III Finale / Très animé
Marguerite Canal (1890 – 1978) – Sonate pour violon et piano
Les volutes françaises chuchotent et tressaillent, servies par un duo maître des grandes heures ravéliennes et debussystes. Et, merveille, Heisser et Capuçon font redécouvrir Roussel et connaître Marguerite Canal, subtile brodeuse d’un esprit délicieusement français.
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À écouter sur France Musique :
| « Le concerto imaginaire de Renaud Capuçon » dans Carrefour de la Création, par Thomas Vergracht.
| Carte blanche à Jean-François Heisser dans Carrefour de la création, par Thomas Vergracht.
Restaurant partenaire (réservation obligatoire avant le 20 août) :
AUX PIGEONS BLANCS
8 Rue de la République, Saint-Jean-de-Luz – 05 59 26 98 42
À partir de 22h00
Tarif menu partenaire du festival : 35€ (entrée + plat + dessert)
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Le programme musical
La Première Sonate pour Violon et piano de Maurice Ravel est un enfant abandonné par son géniteur. Il la jugea indigne de son catalogue. Un seul mouvement fut achevé en avril 1897 et fut joué au Conservatoire par George Enesco et le compositeur lui-même. Remisée et heureusement conservée sous la poussière, la Sonate fut exhumée en 1975 et jouée à New-York lors des célébrations du centenaire de Maurice Ravel. L’Allegro moderato de cette œuvre tient ses racines bien ancrées dans les façons de Franck et Fauré. D’écriture stricte, cette Première Sonate reste de facture très agréable et fort prometteuse, même si le compositeur ne la considérait pas comme du vrai Ravel.
La marine, de laquelle il démissionne en 1894, a d’abord occupé Albert Roussel avant qu’il n’écrive ses premières œuvres véritables dès 1892. Une première Sonate pour violon et piano verra le jour en 1902, qui sera détruite par le compositeur, une seconde (la N°1) en 1908 et une troisième (la N°2, jouée ici) en 1924. Elle se place au zénith de la maturité créatrice du compositeur. L’Allegro caracole entre deux thèmes très opposés : le premier, enflammé, se laisse porter par les vagues tumultueuses du piano ; le second se languit à la manière d’une mélodie inspirée par le jazz, une des rares fois où Roussel s’en approche. L’Andante délaisse son austérité initiale pour s’enflammer à la manière d’un développement quasi symphonique avant de retrouver le paisible de son début. Le Presto jongle avec esprit, virevoltant au-dessus d’un ostinato rythmique à 10/8, perlé de caprices étincelants. La Sonate enfin se perd en pétillements malins et se termine en une pirouette presque bouffonne.
Claude Debussy, à l’hiver 1917, est à Arcachon. Malade, épuisé, il trouve en ce havre de paix l’énergie nécessaire à terminer sa Sonate pour violon et piano, troisième sonate après celle pour violoncelle et piano et celle pour flûte, alto et harpe. Harry Albreich affirme que « … par l’harmonieuse fusion des deux instruments, Debussy égale les réussites miraculeuses de Mozart ou du Brahms de la Sonate en sol ». C’est à la Salle Gaveau que cette œuvre est créée, le 5 mai 1917. Gaston Poulet est au violon et Debussy tient la partie de piano, une de ses dernières apparitions publiques. Son atmosphère est particulière, auréolée d’une brume facétieuse, mélancolique et presque sépulcrale. Debussy écrivit au violoniste Hartmann, alors qu’il dût renoncer à partir avec lui aux Etats-Unis : « Cette Sonate sera intéressante à un point de vue documentaire de ce qu’un homme malade peut écrire durant une guerre ». Les références à Couperin ou Rameau sont nombreuses, faisant alterner les goûts, décoratif, fantasque ou émouvant. « Pleine d’un joyeux tumulte » disait encore Debussy, cette pièce cache un sentiment de fragilité désespérante. Quant au final, il le compare « au jeu simple d’une idée tournant sur elle-même comme un serpent qui se mord la queue ».
Marguerite Canal, toulousaine, fut la première femme à diriger un orchestre à la fin de la Première Guerre mondiale. Pédagogue, elle enseigne le solfège au conservatoire et peut se prévaloir d’avoir été la seconde femme (après Lily Boulanger) à obtenir, en 1920, le Prix de Rome. Ses œuvres sont nombreuses – symphonies, musique de chambre, pour piano, et de nombreuses mélodies – dans un style qui évoque Fauré, Debussy ou Duparc. La Sonate pour piano et violon a été écrite lorsqu’elle séjournait à la Villa Médicis. Elle déploie un éventail de délicatesses, musique enveloppée d’une grâce souvent mélancolique et d’une distinction toujours élégante. Une découverte réjouissante.