Jean-Frédéric Neuburger © Carole Bellaiche
Artistes
Programme
Week-end thématique « Hommage à Gabriel Fauré »
| Georges Enesco (1881-1955), Pièces impromptues, Op.18 (1913-1916)
N°1 : Mélodie
N°3 : Mazurka mélancolique
N°4 : Burlesque
N°7 : Carillon-Nocturne
| Lili Boulanger (1893-1918), D’un jardin clair (1914)
| Gabriel Fauré (1845-1924), Thème et Variations, Op.73 (1895)
Entracte
| Nadia Boulanger, Vers la vie nouvelle (1919)
| Florent Schmitt (1870-1958), Ombres, Op.64 (1912-17)
N°1 : J’entends dans le lointain
N°3 : Cette ombre, mon image
| Gabriel Fauré, Barcarolles
N°2, Op.41 (1885)
N°4, Op.44 (1886)
N°6, Op.70 (1895-96)
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Durée du concert : 1h40 avec entracte
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Restaurant partenaire :
LE CHÊNE
979 Elizako Bidea – 05 59 29 75 01
Tapas – Réservation obligatoire
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🎧 À écouter sur France Musique
Jean-Frédéric Neuburger, la liberté par nature – Le portrait contemporain
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📜 Le programme musical
En octobre 1896, Gabriel Fauré prend la succession de Jules Massenet à la classe de composition du Conservatoire de Paris. Une quantité de futurs grands artistes suivront son enseignement, parmi lesquels Maurice Ravel. Celui-ci déclarera bien plus tard, dans son Esquisse autobiographique, avoir bien profité de « l’encouragement de ses conseils d’artiste ». En quoi consistaient ces conseils ? Le maître fit-il école ? C’est l’interrogation que porte le programme de ce soir, qui entoure Gabriel Fauré de certains de ses plus fameux élèves.
Le professeur lui-même a laissé quelques indices sur sa manière d’enseigner, notamment quand il confia à Camille Saint-Saëns en 1892, alors que celui-ci lui pressait de candidater pour un poste au Conservatoire : « je ne me suis pas trouvé, en dehors des vérités fondamentales, une méthode. J’ai déjà fait travailler quelques jeunes gens et je me souviens que mon enseignement a varié suivant la nature de chacun d’eux, ce qui est un système inapplicable dans une nombreuse classe où il ne faut laisser tomber des lèvres que des paroles indiscutables ! »
C’est pourtant cette souplesse, cette capacité d’adaptation qui semble avoir marqué ses élèves. Nadia Boulanger raconte que « son influence était invisible, indéfinissable, elle ne venait pas de ce qu’il aurait pu prétendre nous enseigner, mais de ce qu’il était. Nous avions pour lui une sorte de vénération, son extrême simplicité nous protégeait de toute fausse prétention, de toute prétention. Nous étions dominés par ce maître qui n’eut jamais la moindre velléité de dominer qui que ce fût, étant assez maître de soi pour ne s’occuper des autres que dans la mesure où il lui serait donné de les mieux comprendre ; nous étions conscients de ce désir de nous comprendre et de dire à chacun ce qui lui permettrait de trouver plus facilement sa propre voie. » Florent Schmitt semble en effet s’être révélé dans la classe de Fauré, à en croire Pierre-Octave Ferroud : « quel bien lui fit l’enseignement socratique, on pourrait même dire la maïeutique de Gabriel Fauré, où la persuasion l’emportait sur la rigueur dogmatique, mais où l’exemple était de tous les instants ! »
Nadia Boulanger a raison de souligner que l’enseignement de Fauré tient à sa manière d’être. Les propres œuvres du maître témoignent d’une ouverture d’esprit et d’une capacité d’évolution stylistique au-dessus de la moyenne. Ses pièces pour piano le montrent : un monde sépare d’une part ses Barcarolles nos 2, 4 et 6 des années 1880, fluides, claires, chantantes et brillantes à la fois, et d’autre part ses très sérieuses et difficiles Variations op. 73, parues en 1897. Dans les premières, Fauré suivait à la fois Chopin et Saint-Saëns ; dans les secondes, on pense davantage aux Études symphoniques de Schumann et, dans certaines variations, au contrepoint de Bach.
Écouter les pièces des élèves de Fauré offre un panorama stylistique encore plus large, mais le patchwork ne manque pas de cohérence. On y entend notamment un motif récurrent, qu’on trouve dans une quantité d’œuvres fauréennes, depuis le mouvement lent du Quatuor pour piano et cordes n° 2 jusqu’à la mélodie Prison : une sonnerie de cloche. Le tintement lointain qui referme discrètement la première des Ombres (1913-1917) de Florent Schmitt est ainsi très fauréen, même s’il rappelle également « Le Gibet » ravélien de Gaspard de la nuit. C’est un glas franc qui retentit en revanche dans Vers la vie nouvelle (1918), pièce sombre écrite par Nadia Boulanger au lendemain de la Première Guerre mondiale et peu après le décès prématuré de sa sœur Lili. C’est enfin un « Carillon nocturne » spectaculaire, multicolore, qui vient conclure la série des Pièces impromptues op. 18 (1913-1916) de Georges Enesco. L’esthétique est ici plus proche de Béla Bartók et d’Olivier Messiaen que de Fauré… Mais le maître ne voulait-il pas que chacun suive sa propre voie ?
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