Jean-François Heisser © Komcébo
Artistes
Programme
Week-end thématique « Hommage à Gabriel Fauré »
| Gabriel Fauré (1845-1924)
Nocturne n°1
Barcarolle n°5 (1894)
| Paul Dukas (1865-1935)
Variations, Interlude et Finale sur un thème de Rameau (1899-1902)
| Gabriel Fauré
Barcarolle n°5 (1894)
| Camille Saint-Saëns (1835-1921)
Deux études pour la main gauche, Op.135 (1912)
| Olivier Messiaen (1908-1992)
Petites esquisses d’oiseaux (1985)
Le Rouge Gorge
Le Merle Noir
La Grive Musicienne
| Isaac Albéniz (1860-1909)
Iberia – Livre III (1909)
El Albaicin – El Polo – Lavapiés
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Durée du concert : 1h15 sans entracte
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🎧 À écouter sur France Musique
| Jean-François Heisser, traditions romantiques et accents espagnols – Stars du Classique
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📜 Le programme musical
Il est tentant d’opposer Gabriel Fauré à Isaac Albéniz, de placer d’un côté le maître français et son goût pour les répertoires intimes (le piano seul, la mélodie, la musique de chambre…) et de l’autre le fantasque espagnol et sa flamboyance spectaculaire. Celle-là même qui s’exprime dans Iberia, œuvre monumentale à résonance autobiographique de douze pièces virtuoses réunies en quatre cahiers, un travail de titan qui occupa Albéniz pendant plus de deux ans, de décembre 1905 à janvier 1908. Le feu face à la glace fauréenne. Pour sa part, il est vrai que le compositeur français semble avoir cultivé un jeu plus pragmatique et intérieur qu’extraverti. Son fils Philippe dira qu’« il avait horreur de la virtuosité, du rubato et des effets qui font pâmer l’auditoire. Il suivait le texte pas à pas, la stricte mesure ; c’est par en dessous, par la pensée, par l’émotion, par tout ce qui ne peut s’enseigner, qu’il bouleversait. » Le pianiste Alfred Cortot sera même plus sévère : « Je m’étonnais que ce poète si sensible fût un pianiste si sec, il avait un jeu percutant, une sonorité presque indifférente et n’usait jamais des pédales. »
Fauré tient en tout cas une partie de sa personnalité pianistique de son maître Camille Saint-Saëns, ce que remarque une de leurs amies communes dans une lettre à l’aîné des deux : « En voilà un que vous ne pouvez pas renier ! C’est votre jeu net, simple, doux, rempli de charme ; des petites mains admirablement tenues comme les vôtres ; donnez-lui votre fuego et ce sera vous dans dix ans. » Saint-Saëns était, il est vrai, un monstre de technicité pianistique, qui poussera son exploration du clavier jusqu’à concevoir en 1912, pour une amie qui avait perdu l’usage de sa main droite, une série de six Études pour la main gauche aussi intelligentes digitalement qu’intéressantes musicalement.
Opposer Fauré à Albéniz serait cependant caricatural. Car les deux artistes ont entretenu une relation véritablement amicale, teintée d’admiration réciproque. Devenu directeur du Conservatoire de Paris en 1905, Fauré ne manquera pas une occasion d’inviter Albéniz au jury de piano de l’institution. Et il se battra auprès de son éditeur Hamelle pour le persuader de publier Iberia. Albéniz de son côté participera à faire connaître Fauré de l’autre côté des Pyrénées ; en 1908, c’est grâce à son ami espagnol que le compositeur français sera décoré de l’ordre d’Isabelle la Catholique. L’année suivante, après le décès d’Albéniz, c’est le Requiem de Fauré qui accompagnera le corps et son cortège lors de son transfert entre Cambo-les-Bains, où résidait le compositeur espagnol, et Barcelone.
Si l’on écoute attentivement les pièces de Fauré et d’Albéniz, l’opposition de styles est d’ailleurs loin d’être frontale. Il est très possible que les audaces harmoniques spectaculaires d’Iberia aient influencé le langage des œuvres de Fauré à la fin de sa vie ; réciproquement, on peut aussi penser que, pour concevoir son chef-d’œuvre qui s’inspire parfois de danses et de chants traditionnels espagnols (El Polo), Albéniz s’est souvenu de la façon dont le compositeur français a su transcender les limites de la barcarolle, transformant cette simple chanson de gondoliers en une pièce de virtuosité subtile voire complexe (Barcarolle no 5).
C’est sans doute par Albéniz que Fauré et Paul Dukas font connaissance, pendant l’été 1907. Les deux Français se découvrent bien des points communs : « quel être intelligent et bon, dans toute la force des mots, et quel esprit varié et amusant ! », écrit aussitôt Fauré à Albéniz. La même année, Dukas publie ses Variations, Interlude et Finale sur un thème de Rameau. L’œuvre commence sur un menuet du compositeur baroque mais s’en détache bien vite dans des péripéties qui associent la virtuosité la plus vertigineuse (variation 7) et l’introspection mystérieuse (variation 5). Preuve qu’on peut allier le feu et la glace.
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