Ensemble intercontemporain
Artistes
Programme
György Ligeti (1923 – 2006)
Concerto de chambre, pour treize instrumentistes (18’)
Corrente – II. Calmo sostenuto – III. Movimento preciso e meccanico – IV. Presto
Concerto pour piano et orchestre (22’)
I. Vivace molto ritmico e preciso – II. Lento e deserto – III. Vivace cantabile – IV. Allegro risoluto, molto ritmico – V. Presto luminoso, fluido, constante, sempre molto ritmico
Entracte
Concerto pour violoncelle et orchestre (15’)
I. (noire = 40)
II. Lo stesso tempo
Concerto pour violon et orchestre (28’)
I. Præludium (Vivacissimo luminoso) – II. Aria, Hoquetus, Choral (andante con moto) – III. Intermezzo (Presto fluido) – IV. Passacaglia (Lento intenso) – V. Appassionato (Agitato molto)
L’Ensemble intercontemporain joue l’intégrale des concerti de Ligeti ! Rendez-vous avec une des plus emblématiques formations dédiées aux musiques des XXe et XXIe siècles. Moment rare, illuminé par le sublime Concerto de chambre empreint d’une rythmique foisonnante et de sonorités luxuriantes.
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Les solistes de l’Ensemble intercontemporain :
Jeanne-Marie Conquer, Diego Tosi, Hae-Sun Kang, Aki Tsai*, Ernst Spyckerelle*, Aya Kono*, violons
John Stulz, Alfonso Noriega Fernandez*, Claire Merlet*, altos
Eric-Maria Couturier, Renaud Déjardin, violoncelles
Nicolas Crosse, contrebasse
Sophie Cherrier, Emmanuelle Ophèle, flûtes
Philippe Grauvogel, hautbois
Martin Adámek, Alain Billard, clarinettes
Paul Riveaux, Philippe Recard*, bassons
Jean-Christophe Vervoitte, Jean-Philippe Cochenet*, cors
Lucas Lipari-Mayer, Clément Saunier, trompettes
Lucas Ounissi*, trombone
Gilles Durot, Aurélien Gignoux, percussions
Sébastien Vichard, Dimitri Vassilakis, pianos
Valeria Kafelnikov, harpe
* musiciens supplémentaires
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À écouter sur France Musique : Les Grands Entretiens de Pierre Bleuse, par Judith Chaine.
À l’issue du concert : proposition de restauration par le collectif Blü Taula, association de restaurateurs engagés en faveur de la gastronomie durable au Pays Basque (Tente à l’Espace Polyvalent).
Tarif moyen : 15€/personne incluant un sandwich cuisiné et un dessert.
Boissons non incluses.
Inscription recommandée à l’adresse : blutaula@gmail.com
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Le programme musical
L’œuvre de György Ligeti révèle une grande variété. Outre les pièces pourvues d’un certain humour provocateur tel que le Poème Symphonique pour cent métronomes, il explore tous les genres. Non sans une certaine ironie, non plus que d’une franche obscénité avec, par exemple, son opéra Le Grand Macabre, qualifié d’anti-anti-opéra par lui-même. Toujours à la recherche de nouveaux modes d’expression, il écrit le fameux Continuum pour clavecin, les redoutables Etudes pour piano ou Ramifications pour deux orchestres, chacun à un diapason différent de l’autre. Nombre de ses œuvres furent accueillies dans une ambiance de scandale. Mais le temps a passé et les concerti présentés aujourd’hui font désormais partie du répertoire presque classique.
Le Concerto de chambre, créé à Berlin le 1er octobre 1970, a été conçu pour treize solistes instrumentaux et comprend quatre mouvements. Son langage ne se veut ni tonal ni atonal. Ligeti propose « une combinaison d’intervalles clairement audibles qui s’effacent peu à peu pour, qu’à partir de ce brouillage, se cristallise une nouvelle combinaison d’intervalles. » Le premier mouvement (Corrente) se vêt d’une certaine douceur, construit sur un motif de cinq notes tandis qu’un tuilage à partir de quintes bâtit sur un tapis ondulatoire un empilement harmonique (calmo, sostenuto), comme une ambiance de sous-bois un peu mystérieux. Le Movimente preciso e mecanico est un moteur polyrythmique sans concession et le dernier mouvement, Presto, synthèse des trois précédents, se désagrège lentement.
Le Concerto pour piano et orchestre fut créé le 23 octobre 1986. A l’issue de cette représentation, Ligeti jugea utile de lui ajouter deux mouvements supplémentaires. Les trois premiers mouvements respectaient la tradition « vif-lent-vif » et les deux derniers, rapides, créent de nouvelles correspondances. Une pulsation s’instaure et se désagrège vers l’aigu. Le second mouvement, lento et deserto, apparaît comme l’antithèse du premier, par sa lenteur et son dénuement, terminant comme un lamento aux larmes descendantes. Le Vivace cantabile se dessine comme un continuum et se sauve en une inéluctable fuite vers le silence. L’Allegro risoluto débute en échos, ou questions-réponses, gardant à ce mouvement, malgré la vivacité, une certaine tendresse. Enfin, par une gamme ascendante assez lunaire, le Presto luminoso lance un foisonnement orchestral qui va jusqu’à un tumulte rythmique aux accentuations imprévisibles. Et le wood-block claque la fin.
Ecrit en 1966, le Concerto pour violoncelle ne comporte que deux mouvements. Le premier est une longue attente sur un Mi qui fluctue au gré des rencontres entre le soliste et l’orchestre avant d’aller glaner d’autres immobilités. Ligeti a comparé, pour le second mouvement, le soliste à un funambule à la conquête – toute silencieuse dans son vertige même – des harmoniques de plus en plus impraticables qui l’amènent aux limites du possible.
Le violoniste Saschko Gavrilof, après le lui avoir demandé, a reçu de Ligeti un concerto qu’il créa en novembre 1990. À noter qu’un violon et un alto sont accordés différemment, un quart de ton plus bas ou plus haut, pour être en phase avec les harmoniques de la contrebasse et que des instruments à vent particuliers tels que l’ocarina et la flûte à coulisse émettent des hauteurs imprécises. Autre particularité de ce concerto, les bribes mélodiques qui apparaissent telles des anges au-dessus de la fournaise.
Il faut entendre chez Ligeti toute la richesse inépuisable de sa rythmique, s’appuyant sur un spectre qui génère un arc-en-ciel d’inventions. L’oreille doit s’y plonger avec délectation, chercher sans cesse les innombrables trésors qui, entre silence et fusion, font de cette musique une pierre aux facettes joaillières.