Barbara Hannigan & Bertrand Chamayou © Co Merz
Artistes
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Programme
ENTRE TERRE ET CIEL
| Olivier Messiaen (1908-1992), Chants de Terre et de Ciel (1938)
Bail avec Mi (pour ma femme)
Antienne du silence (pour le jour des Anges gardiens)
Danse du bébé-pilule (pour mon petit Pascal)
Arc-en-ciel d’innocence (pour mon petit Pascal)
Minuit pile et face (pour la mort)
Résurrection (pour le jour de Pâques)
| Alexandre Scriabine (1872-1915)
Poème-nocturne, Op.61 (1911)
Vers la flamme, Op.72 (1914)
| John Zorn (né en 1953), Jumalattaret (2012)
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Durée du concert : 1h10 sans entracte
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🎧 À écouter sur France Musique
| Messiaen – Barbara Hannigan, Bertrand Chamayou – Le disque classique du jour
| Barbara Hannigan – Grands entretiens
| Bertrand Chamayou, de Toulouse aux grandes scènes internationales – Stars du Classique
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📜 Le programme musical
En 2012, John Zorn s’attelle à l’écriture d’un nouveau cycle de mélodies, Jumalattaret (« Déesses » en finnois). Ses lignes vocales acrobatiques sont conçues pour la soprano finlandaise Anu Komsi, qui venait d’interpréter brillamment le monodrame du compositeur américain La Machine de l’être. La partition de Jumalattaret surprend cependant la chanteuse. En plus d’être exigeante sur le seul plan de la technique vocale avec sa palette extraordinairement étendue de registres, de dynamiques, de types d’émission, l’œuvre nécessite une endurance hors du commun : en une demi-heure, Zorn propose une sorte de rituel musical où sont honorées neuf divinités de la mythologie samie. Les textes sont tirés du Kalevala, un gigantesque poème épique finlandais qui passe du conte traditionnel à l’incantation magique, avec des passages d’une extrême violence. Leur rythme particulier, en octosyllabes très réguliers, est conçu pour provoquer une forme d’envoûtement et faire perdre la notion du temps terrestre. John Zorn donne ce rôle au piano qui produit souvent des ostinatos ensorcelants, notamment pour les déesses qui interviennent au début et au milieu de l’ouvrage : Päivätär, qui file et tisse l’argent du soleil, et Klu (ou Kuutar), qui fait de même avec l’or de la lune. Ce n’est qu’en 2019 que Jumalattaret sera exécuté pour la première fois en public ; la partition aura dû attendre la rencontre entre le compositeur et Barbara Hannigan pour voir une chanteuse oser s’y confronter. Depuis, la soprano canadienne est devenue une interprète de référence des œuvres de Zorn, et une des mieux placées pour en témoigner, comme elle l’a fait l’an dernier, à l’occasion des 70 ans du compositeur : « Ta musique est dans l’au-delà, et porte tes musiciens et tes publics à la transcendance ».
Le goût de Barbara Hannigan pour la transcendance ne pouvait pas rester insensible aux œuvres d’Olivier Messiaen. Catholique fervent dont le mysticisme s’exprime dans toutes ses partitions, le compositeur français a laissé plusieurs cycles de mélodies. Suite logique des Poèmes pour Mi écrits en 1936 en hommage à son épouse Claire Delbos (surnommée « Mi »), les Chants de Terre et de Ciel sont conçus deux ans plus tard et s’adressent désormais à la famille du compositeur, Claire Delbos ayant entretemps donné naissance à un petit garçon, Pascal. Sur des textes écrits par Messiaen lui-même, l’œuvre est organisée en trois diptyques. Après deux premiers chants centrés sur la figure de la mère, les deux suivants sont tournés vers le jeune fils. Les deux derniers sont les plus introspectifs, Messiaen abordant d’abord ses terreurs les plus obscures (« Minuit pile et face ») avant de renaître dans la foi lors d’un finale aux allures de vitrail éclatant (« Résurrection »). Avec ses couleurs harmoniques originales et son écriture rythmique alambiquée issue de son intérêt pour les musiques grecques et indiennes, l’œuvre est très exigeante non seulement pour la chanteuse mais aussi pour le pianiste, mis face à une virtuosité qui annonce les Vingt Regards sur l’enfant-Jésus.
Entre la foi catholique ardente d’Olivier Messiaen et les mythes finnois de John Zorn, deux poèmes pour piano seul donnent à entendre une autre forme de spiritualité : celle toute personnelle d’Alexandre Scriabine qui chercha jusqu’à sa mort en 1915 à atteindre et faire atteindre à ses auditeurs l’« extase », modelant son langage musical à cet effet. Nul texte n’est donné à entendre dans le Poème nocturne comme dans Vers la flamme, deux œuvres conçues au début des années 1910, mais le pianiste a sur sa partition une quantité d’indications verbales qui explicitent la pensée du compositeur. Dans la première pièce, le piano rêve, hésite, murmure confusément ; dans la seconde, il trace une progression continue, cultive une « joie de plus en plus tumultueuse », jusqu’à atteindre enfin l’extase : un sommet « éclatant, lumineux », où le piano doit sonner « comme une fanfare ».
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