Orchestre National du Capitole de Toulouse
Artistes
Programme
Maurice Ravel (1875 – 1937), Fanfare pour l’éventail de Jeanne (2’)
Claude Debussy (1862 – 1918), Nuages et Fêtes (extraits des Nocturnes) (16′)
Entracte
Hector Berlioz (1803 – 1869), Symphonie Fantastique (50’)
Rêveries, Passions – Un bal – Scène aux champs – Marche au supplice – Songe d’une nuit du Sabbat
Après l’espiègle Fanfare de Jeanne, Pelléas et Mélisande s’engouffrent dans les tourments magnifiques d’un Debussy à la sombre lumière. Hector Berlioz, démiurge de sa propre vie de héros, confie à la Fantastique ses affres et ses tourments, ses passions, ses rêveries et l’exceptionnel éclat de son génie.
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À écouter sur France Musique : « L’Orchestre du Capitole de Toulouse et ses musiciens » dans Au Cœur de l’Orchestre, par Christian Merlin.
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Restaurants partenaires (réservation obligatoire avant le 1er septembre) :
ALMA
6 Rue du 17 Pluviôse, Saint-Jean-de-Luz – 09 83 66 89 87
Service à 19h00
Tarif menu partenaire du festival : 35€ (amuse-bouche + plat + dessert).
BIDAIAN
20, Rue de la Baleine, Saint-Jean-de-Luz – 06 76 14 95 88
À partir de 22h00
Tarif menu partenaire du festival : 45€ (entrée + plat + dessert).
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Le programme musical
L’Éventail de Jeanne est un ballet pour enfants écrit en 1927 par dix compositeurs français. La Jeanne de cette histoire est Jeanne Dubost, mécène parisienne. Un jour de printemps, elle offrit à chacun de ses amis compositeurs une feuille de son éventail, à charge pour eux d’écrire une petite danse pour ses élèves. La création publique de l’œuvre – une trentaine de minutes – se fit à l’Opéra Garnier le 4 mars 1929 avec de très jeunes danseuses. Maurice Ravel fut chargé de la Fanfare initiale. Il s’agit d’une toute petite pièce – disons même minuscule – avec roulement de tambour, appel de flûte et trompettes tonitruantes. Elle semble avoir un petit air faussement médiéval de malle à jouets et se termine par un fracas irréparable.
Debussy aimait la poésie. Songeons un instant à Stéphane Mallarmé et son Faune, mais aussi à un de ses amis, James Whistler, très lié au mouvement symboliste et impressionniste. Inspiré par Chopin, ce peintre anglais nomma une série de tableaux « Nocturnes ». Debussy y puisa son miel et changea le premier titre qu’il avait choisi « Scènes au crépuscule » en « Nocturnes ». La première partition, aux alentours de 1892, comprenait un violon principal, destiné à Eugène Ysaÿe, mais la brouille entre les deux hommes mit l’ouvrage au panier. Ce n’est qu’en 1900 que les deux premiers Nocturnes furent créés, à Paris par les Concerts Lamoureux. La troisième pièce, Sirènes, plus rarement jouée à cause de l’ajout d’un chœur féminin, sera jouée pour la première fois un an plus tard. Debussy lui-même commente son œuvre : « Nuages est l’aspect immuable du ciel avec la marche lente et mélancolique des nuages, finissant dans une agonie grise, doucement teintée de blanc. Fêtes, c’est le mouvement, le rythme dansant de l’atmosphère avec des éclats de lumière brusque, c’est aussi l’épisode d’un cortège passant à travers la fête ».
La Symphonie Fantastique d’Hector Berlioz (1830) est la première des trois grandes symphonies françaises du XIXe siècle, avec la 3ème de Saint-Saëns (1886) et celle de Franck (1888). « Musique à programme » dont chaque acte porte un titre évocateur, cette œuvre est fortement autobiographique. Elle conte la passion que portait Berlioz pour l’actrice irlandaise Harriet Smithson qu’il avait admirée à l’Odéon dans le rôle d’Ophélie. Dix jours avant la création, Berlioz fit paraître dans la presse le programme de sa symphonie, narcissique modernité d’un communicant hors pair. Le 5 décembre 1830, dans la salle du conservatoire, sous la direction de Franck Habeneck, le public ne cacha pas son enthousiasme. Deux ans plus tard, Berlioz compléta sa chronique personnelle par le mélodrame Lelio ou le retour à la vie, les deux pièces étant sous-titrées Episodes de la vie d’un artiste.
Dans Rêveries et passions un jeune musicien tombe amoureux d’une femme qui « réunit tous les charmes de l’être idéal ». L’opium ajoute à cet amour d’intenses délires avec « mouvements de fureur, de jalousie, retours de tendresse, larmes et consolations religieuses. ». Au milieu du tumulte d’une fête, élégamment intitulé Un Bal, l’idée fixe, déjà exprimée dans le premier mouvement, s’impose à nouveau, tourment fantomatique. La Scène aux champs se fait tendre, idée du bonheur, puis craint le sombre du tonnerre, de la solitude. Les bergers chantent et la 6ème Symphonie de Beethoven se laisse entrevoir. L’espoir disparaît à tel point que l’auteur rêve qu’il a tué sa bien-aimée. Dans la Marche au supplice, le couperet, implacable, interrompt sans pitié l’idée fixe. La symphonie prend là toutes sa dimension fantastique – ce mouvement fut bissé lors de la première exécution de l’œuvre (le public tenterait-il pareille audace à notre époque ?). Puis, parmi des « bruits étranges, gémissements, éclats de rire » le compositeur se voit – s’entend – au sabbat de ses propres funérailles. La Mélodie réapparaît mais n’est plus qu’un « air de danse ignoble, trivial et grotesque ». L’orgie diabolique de ce Songe d’une nuit de sabbat emmène avec elle les cloches, cruelles, inexorables, et le thème du Dies irae, implacable et fastueux. L’opium amène la folie et la symphonie s’achève dans un air d’apocalypse fatidique. Tous les musiciens à venir auront désormais une dette envers ce monument.