Orchestre de l'Opéra National de Paris
Programme
Concert réalisé avec le soutien de Bertrand et Nathalie Ferrier.
Antonín Dvořák (1841-1904)
Carnaval, ouverture symphonique – B 169, Op.92
Dans la Nature, ouverture symphonique – B 168, Op.91
Entracte
Symphonie n°9 “Du Nouveau Monde” – B 178, Op.95
Dvořák célèbre en deux épisodes chatoyants la vie et la nature, peintures riches en couleurs expressives. Inspirée par un voyage aux
États-Unis, la Symphonie du nouveau monde, œuvre iconique s’il en est, nous livre l’enivrante épopée du compositeur à la rencontre des populations d’Outre-Atlantique et de paysages fortement inspirants. Exceptionnel privilège d’entendre l’Orchestre de l’Opéra national de Paris hors les murs en un programme empreint de telles fulgurances poétiques.
Restaurants partenaires (réservation obligatoire avant le 20 août) :
ETXE NAMI
11, ave Jauréguiberry, Saint-Jean-de-Luz – 05 59 85 51 47
Service à 19h
Tarif menu partenaire du festival : 35€ (entrée + plat)
KOMPTOIR des Amis
7, Bd du Commandant Passicot – Saint-Jean-de-Luz – 05 24 33 61 04
À partir de 22h00
Tarif menu partenaire du festival : 30€ (entrée + plat ou plat + dessert)
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Le programme musical
Le 28 avril 1892, Anton Dvořák dirigea lui-même la création de ses trois ouvertures de concert, Dans la nature, Carnaval et Otello. Pouvant être jouées séparément, elles constituent cependant un triptyque dont les sujets, nature, vie et amour, se veulent être une image du passage de l’être humain sur terre. Après une promenade dans les bois à l’écoute des oiseaux, le carnaval se fait danse effrénée tandis que la jalousie trouve en Otello toute sa signification shakespearienne.
Pour Carnaval, Dvořák avait d’abord pensé au titre « Carnaval de Bohème ». Aussitôt on pense au sous-titre de la Septième de Beethoven, Apothéose de la danse, tant la frénésie populaire de cette pièce semble vouloir entraîner sur un rythme haletant toute l’assemblée du bal. Après une première partie endiablée, vient, par un appel du cor, un Andante con moto qui reprend un des thèmes de Dans la Nature. Cette méditation poétique rappelle aux danseurs que la nature est à l’origine de toute chose. Et l’exubérance revient, les pas redoublent, les danseurs à nouveau s’agitent, mais un parfum de gravité semble enrober cette joie d’un questionnement spéculatif.
L’écoute de Dans la Nature apporte une aimable candeur, celle d’une promenade insouciante sous les ramures enchanteresses d’un bois de Bohème. L’humain flâne, oreilles attentives aux effluves sonores que la végétation susurre en agitant ses branches. Il est aussi sensible aux chants de liesse que les oiseaux lancent à tue-tête, en imagine une mélodie, simple et sereine, en égaye ses tourments et anime une prière panthéiste à la beauté du monde.
Anton Dvořák séjourna aux États-Unis entre 1892 et 1896, nommé directeur du Conservatoire de New-York, il y tient également une classe de composition. Ouvrant ses oreilles, il y trouve de multiples sources d’inspiration pour écrire le 12e Quatuor, le Concerto pour violoncelle (qu’il terminera en Bohème) et la fameuse Symphonie Du Nouveau Monde. Composée entre janvier et mai 1893, cette dernière fut créée le 16 décembre de la même année au Carnegie Hall par l’Orchestre philharmonique de New-York sous la direction d’Anton Seidi. À cette époque, Dvořák demeurait à Manhattan, sur la Première Avenue. Le succès fut immédiat pour cette œuvre qui puise son miel dans un environnement musical exotique mais ramené par le compositeur à son style inimitable. Dvořák écoute les mélodies américaines mais n’utilise aucun thème local : « J’ai tout simplement écrit des thèmes à moi, leur donnant les particularités de la musique des Noirs et des Peaux-Rouges ; et, me servant de ces thèmes comme du sujet, je les ai développés au moyen de toutes les ressources du rythme, de l’harmonie, du contrepoint et des couleurs de l’orchestre moderne ». Cette symphonie n’aurait pas été écrite ainsi sans le séjour aux États-Unis mais elle reste une œuvre de l’Europe centrale.
Après une introduction tendrement mélodique des cordes, le cor appelle. Un écho résonne à la petite harmonie puis les cordes, aiguillonnées par les timbales, présente le thème de l’Allegro, celui qui, de manière cyclique, se retrouvera dans toute la symphonie. Animé par un sentiment d’héroïsme, l’esprit de Dvořák est tout entier dans son écriture, typiquement bohémienne mais sensiblement américaine. Dvořák avait d’abord intitulé le second mouvement « Légende ». Après un choral au cuivre apparaît, sur un tapis de cordes, le fameux thème du cor anglais, sans doute d’origine irlandaise. Cette mélodie sera popularisée aux États-Unis par une chanson, Going Home. Après un épisode pastoral, le choral des cuivres amènera de nouveau le silence des grands espaces, l’infini du rêve américain. Dans le New York Herald Tribune, Dvořák écrit qu’il considère ce second mouvement comme une étude d’une œuvre nouvelle fondée sur le poème The song of Hiawatha de Henry Longfellow. Il ajoute que le troisième mouvement « est inspiré d’une scène de fête dans Hiawatha pendant laquelle les Indiens dansent ». La musique énergise, aussi gracieuse qu’inventive. On raconte que les trilles de la seconde partie évoquent les roucoulements des colombes de Vysoka, là où Dvořák aimait passer ses étés. Enfin, avec fougue, le dernier mouvement continue de relier les attaches européennes du compositeur et les éblouissements d’outre-Atlantique pour une célébration de l’harmonie universelle.