Bertrand Chamayou © Marco Borggreve
Artistes
Programme
LETTER(S) TO ERIK SATIE
| Erik Satie (1866-1925), Gymnopédie n°1
| John Cage (1912-1992), All Sides of the Small Stone (for Erik Satie)
| Erik Satie, Gnossiennes n°1, 2 et 3
| John Cage, In a Landscape
| Erik Satie
Rêverie de l’enfance de Pantagruel
Véritables Préludes flasques (pour un chien)
Gymnopédie n°2
Le Bain de Mer
Gnossiennes n°4, 5 et 6
Gymnopédie n°3
Gnossienne n°7
| John Cage, Dream
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Durée du concert : 50 minutes sans entracte
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Restaurant partenaire :
ALAÏA
2 Allée André Hiriart, Ciboure – 05 59 47 43 79
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🎧 À écouter sur France Musique
| Bertrand Chamayou – L’invité du jour, par Jean-Baptiste Urbain
| Bertrand Chamayou, de Toulouse aux grandes scènes internationales – Stars du Classique
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📜 Le programme musical
« Son esprit était celui d’un véritable inventeur. Il était un grand expérimentateur. D’une façon à la fois simple et ingénieuse, Satie indiquait la route à suivre puis, sitôt qu’un autre musicien l’avait empruntée, il changeait son cap et ouvrait sans hésitation la voie de nouveaux champs d’investigation. Il devint ainsi l’inspirateur d’innombrables tendances avant-gardistes. » C’est en ces termes que Maurice Ravel fit l’éloge d’Erik Satie, à l’occasion d’une conférence donnée à la Rice University (Texas) en 1928, trois ans après la mort du maître d’Arcueil.
Comment expliquer que Ravel, maître des rythmes inarrêtables, champion de l’orchestration riche, colorée et subtile, fut à ce point admiratif de l’art de Satie, l’homme des Gymnopédies dépouillées, des Gnossiennes alanguies, de la sobriété pianistique en noir et blanc ? Notons tout d’abord que Ravel a régulièrement ressenti un besoin de revenir à une expression épurée. L’apparente simplicité du mouvement lent du Concerto en sol ou celle de Ma mère l’Oye se rapproche de l’esthétique de Satie ; l’élève et biographe de Ravel, Roland-Manuel, qualifiera d’ailleurs la valse ravélienne de la Belle et la Bête de « quatrième Gymnopédie » ! Plus généralement, comme l’analyse Vladimir Jankélévitch, « Ravel eut en commun avec Satie cet esprit de non-conformisme et de farouche indépendance qui le retint en marge des honneurs et des décorations (…) ; qui le rendit si secret et si déroutant ».
Grand amateur dans ses partitions d’indications poétiques teintées de surréalisme, Satie peut continuer à dérouter aujourd’hui, à en croire Bertrand Chamayou qui avoue être resté dans un premier temps désarmé face à la musique du compositeur. Pour l’appréhender, le pianiste dut faire un détour par John Cage. L’artiste américain admirait sans réserve les partitions de Satie qu’il participa à faire connaître aux États-Unis après Ravel, organisant à partir de 1948 des conférences et de grands concerts dédiés à sa musique. Dans l’une d’entre elles, Defense of Satie, il explique en quoi les œuvres de Satie posent les bases d’un art expérimental qu’il a fait sien : « Si l’on considère que le son est caractérisé par sa hauteur, sa force, son timbre et sa durée, et que le silence – qui est l’opposé et ainsi le partenaire nécessaire du son – est défini seulement par sa durée, on arrive à la conclusion que des quatre paramètres musicaux, la durée, c’est-à-dire la longueur, est la plus fondamentale. Le silence ne peut être entendu en termes de hauteur ou d’harmonie : il est entendu en termes de longueurs de temps. Il fallut un Satie et un Webern pour redécouvrir cette vérité musicale. »
La musique de Satie serait donc avant tout, selon Cage, celle d’un maître du temps. Il est vrai que sa façon de faire longuement reposer certains passages sur deux harmonies répétées en alternance transmet une forme de balancement hypnotique, ce qu’accentue un recours fréquent à une extrême égalité rythmique et de nombreuses reprises. On retrouve ces caractéristiques dans la musique de John Cage, depuis les arpèges ondulants d’In a Landscape jusqu’aux tournoiements de Dream. Parmi les œuvres très « satiesques » de Cage, l’une d’entre elles connut un drôle de destin : en 2015, neuf ans après le décès du compositeur James Tenney, sa femme Lauren Pratt retrouva parmi les manuscrits de son époux une partition intitulée All Sides of the Small Stone, for Erik Satie. Elle reconnut l’écriture de Cage. Celui-ci aurait-il glissé subrepticement cette gymnopédie américaine dans les affaires de Tenney, comme le sous-entend la suite du titre – Given Secretly to Jim Tenney as a Koan ? Pourquoi ? Quelle énigme suggère ce mot, « koan » ? Nul ne connaîtra jamais vraiment la vérité.
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