Artistes
Programme
Maurice Ravel
| Histoires naturelles
1. Le Paon : « Il va sûrement se marier aujourd’hui … »
2. Le Grillon : « C’est l’heure où, las d’errer … »
3. Le Cygne : « Il glisse sur le bassin … »
4. Le Martin-pêcheur : « Ça n’a pas mordu, ce soir … »
5. La Pintade : « C’est la bossue de ma cour … »
| Chansons Madécasses
Nahandove
Aoua
Il est doux
| Sonate n°2 pour violon et piano
I. Allegretto
II. Blues — Moderato
III. Perpetuum mobile — Allegro
| Sonate n°1 posthume pour violon et piano
| La Valse
—
Durée du concert : 1h30 sans entracte
Tarif D
—
À écouter sur France Musique
Stars du classique : Maurice Ravel
10 (petites) choses que vous ne savez (peut-être) pas sur Maurice Ravel
Le Matin des musiciens : Histoires naturelles de Maurice Ravel
—
Le programme
Interprétation des œuvres vocales de Ravel par Fleur Barron
Alors qu’elle vient d’enregistrer Shéhérazade et les Trois Poèmes de Mallarmé, Fleur Barron interprète deux œuvres vocales dans lesquelles Ravel a recherché l’insolite jusqu’à la provocation.
Scandale des Histoires naturelles
Lors de leur création par Jane Bathori et le compositeur au piano, les Histoires naturelles (1906) avaient déclenché un scandale retentissant. L’indignation provenait en premier lieu du choix littéraire : des vignettes animalières de Jules Renard en prose, au vocabulaire délibérément trivial, inspirant un style peu mélodique, proche du récitatif. De plus, Ravel n’a pas mis en musique les e muets, contrairement aux usages de son temps. L’harmonie est souvent émaillée de dissonances mordantes, qui s’exacerbent dans La Pintade, bissée par défi le soir de la création. À l’époque, le critique Louis Laloy avait compris que « cette légère ironie, loin de diminuer l’émotion, l’avive au contraire et la rend plus poignante ».
Les Chansons madécasses
Deux décennies plus tard, Ravel conçoit les Chansons madécasses (1926) comme « une sorte de quatuor où la voix joue le rôle d’instrument principal ». L’expérimentation sonore va de pair avec le choix de textes qui heurteront bien de ses contemporains : sur des poèmes qu’Évariste Désiré de Forges, vicomte de Parny, prétendait avoir traduit du malgache, alors qu’il les avait écrits en 1784-85, Nahandove et Il est doux exaltent la volupté de paradis exotiques, tandis qu’Aoua ! dénonce la colonisation avec véhémence.
La Sonate pour violon et piano
La Sonate pour violon et piano, terminée en 1927, revient à un effectif auquel Ravel s’était déjà confronté en 1897. Le premier mouvement de sa sonate de jeunesse achevé, et sans doute joué dans la classe de Gabriel Fauré, il avait toutefois jeté l’éponge. Sans doute a-t-il perçu tout ce qu’il devait encore à son professeur et à César Franck. Avec cette partition publiée en 1975 lors du centenaire de sa naissance et souvent désignée sous le titre de Sonate posthume, Ravel commençait à imposer sa voix singulière, tel un papillon sortant de sa chrysalide. Il faut attendre plus de vingt ans pour qu’il revienne à l’association du violon et du piano, après avoir découvert la violoniste hongroise Jelly d’Aranyi dans les deux Sonates pour violon et piano de Bartók.
Structure et caractéristiques de la Sonate
Sa propre Sonate pour violon et piano frappe par sa concision, les trois mouvements étant de plus en plus brefs au fil de la partition. Comme les Chansons madécasses, elle favorise la superposition de lignes mélodiques, plus que l’harmonie. Pour le mouvement central, Ravel emprunte au blues américain les syncopes et l’accentuation sur des temps faibles, les degrés instables (blue notes) caractéristiques de sa déclamation intense et douloureuse, qu’il traite de façon volontairement sèche et mécanique. Plusieurs éléments des deux premiers mouvements reparaissent dans l’ébouriffant Perpetuum mobile, dont le dernier accord sonne comme une rupture, au terme d’une tension portée à ses limites extrêmes.
La Valse et sa transcription pour deux pianos
Cette sensation de catastrophe, c’est aussi ce que l’on entend dans La Valse, jouée aujourd’hui dans la transcription pour deux pianos réalisée par Ravel lui-même. Issu d’un hommage à Johann Strauss projeté en 1906, ce « poème chorégraphique » composé en 1919-20 est pensé comme une métaphore de la catastrophe européenne. Sa première partie consiste en une succession de valses, selon le modèle viennois. Dans la seconde partie, les thèmes sont fragmentés, les harmonies deviennent plus dissonantes, les timbres plus crus. Au terme de visions hallucinées, la danse emblématique du romantisme s’anéantit « dans un tournoiement fantastique et fatal », selon les propres termes de Ravel.
Hélène Cao
—
Artistes
Covoiturage
Recherchez ou proposez un trajet pour ce concert sur la plateforme covoiturage-simple !